abbaye d'en calcat

Les grandes abbayes bénédictines

Les grandes abbayes bénédictines reflétent ce qui est actuellement à l’oeuvre dans de nombreux autres lieux, à savoir une prise de conscience de la nécessité de la conversion écologique et dans le même temps une grande inertie dans sa mise en oeuvre.

Certains lieux sont plus en avance que d’autres et l’Encyclique a permis d’encourager certains autres.

L’abbaye Sainte-Marie de la Pierre-qui-Vire dans le Morvan

Retiré sur les contreforts boisés du Morvan, l’ensemble monumental de l’abbaye Sainte-Marie de la Pierre-qui-Vire est l’exemple de ces grands monastères bénédictins de jadis où vivaient d’importantes communautés de moines, s’appuyant sur les productions de fermes voisines, l’artisanat et des ressources locales autorisant une certaine autonomie. Aujourd’hui, dans la continuité des valeurs de partage et de sobriété constitutive de la règle de saint Benoît, la communauté formée de trente-cinq moines tente la conjugaison vertueuse de l’économie et de l’écologie.

L’abbaye Saint-Benoit d’En Calcat dans le Tarn

Fondée par un moine originaire de l’abbaye de La Pierre qui Vire dans la région toulousaine, l’abbaye Saint-Benoît d’En Calcat accueille aujourd’hui une quarantaine de moines, âgés de 28 à 95 ans. Au sein de cette diversité générationnelle, le souci de l’écologie est, pour ainsi dire, inversement proportionnel au degré d’ancienneté. Pour la génération de frères qui rejoint la communauté et en prend la direction dans les années 1980, l’écologie devient un enjeu plus important, sans toutefois être prioritaire. Parmi eux, Frère Daniel reconnaît volontiers l’inertie de sa communauté sur ces questions : « Le mouvement autour de l’écologie se fait lentement, mais dans ce que je qualifierai de « belle inertie» car il s’inscrit dans la continuité d’une démarche de conversion conçue pour être longue. C’est vrai qu’ici, on ne s’emballe pas ; on réfléchit, on se documente, on laisse passer les modes et on tente de vivre les choses avec profondeur », précise-t-il. Néanmoins diverses réalisations inspirantes voient peu à peu le jour, notamment autour d’une gestion intelligente et sensible de la forêt.

Abbaye Notre-Dame de Maylis dans les Landes

L’Abbaye de Maylis se consacre depuis soixante ans à la culture d’une plante médicinale – appelée la plante de Maylis (lépidium latifolium) –  qui lui apporte des revenus substantiels, mais en 2013, toutes les cultures sont infestées par le charançon. « Nous avons voulu tuer le charançon à coup de produits chimiques. Mais cela n’a pas marché, le charançon a fait un bras d’honneur à la science ! », se souvient frère Joseph, le responsable des jardins.

C’est un énorme échec technique, et ne sachant plus à quel saint se vouer, il contacte Hervé Coves, un ingénieur agronome connu pour sa vision alternative, qui lui dit : « ce n’est pas un problème technique, mais une question de vie ». C’est une prise de conscience fulgurante qui conduit frère Joseph et la communauté toute entière à s’engager pour redonner vie à la terre, au jardin, mais aussi à l’ensemble de leur structure.
Des premiers pas autour de la permaculture favorisent un immense élan de conversion à l’écologie qui contamine d’autres abbayes.

L’abbaye Sainte-Anne de Kergonan dans le Morbihan

Comme d’autres monastères bénédictins, l’abbaye de Kergonan à Plouharnel à côté de Carnac éprouve la lenteur à la conversion écologique. Cependant, son expérience révèle une composante assez inédite, celle de l’engagement d’un des frères de la communauté, Frère Marie, au Conseil municipal au poste de chargé des questions écologiques. Après la projection du film Demain, à laquelle participent conjointement les membres de la communauté et les habitants de la région, une visite est organisée dans un jardin voisin conçu selon le principe de la permaculture. Dans la continuité, la mairie met à disposition un terrain pour réaliser un jardin partagé sur un modèle identique. « Ce n’est qu’ensemble que nous pourrons avancer, la commune, les citoyens et notre communauté, main dans la main », souligne Frère Benoît, engagés aux côtés de Frère Marie sur l’écologie. Valoriser les bordures et créer des ponts entre les différents milieux et les différentes catégories de personnes est vital. C’est d’ailleurs l’un des principes de la permaculture.




L’abbaye Saint-Guénolé de Landevennec dans le Finistère

Cette ancienne et imposante abbaye bénédictine dominant la rade de Brest abrite aujourd’hui dix-huit moines, vivant de la culture des pommiers, de l’accueil et de l’artisanat et représentant l’exemple type de la communauté catholique « réveillée » par l’Encyclique. « Pour nous, il y a un avant et un après Laudato Si’, même si la mise en œuvre reste difficile parce qu’elle suppose un changement radical de nos habitudes et de nos modes de vie »,  reconnait frère François Xavier, un des moines de l’abbaye de Landevennec sensible à la question écologique. Pour lors, c’est autour de l’alimentation que la communauté franchit un pas décisif. A l’instar d’autres monastères chrétiens qui voient leurs effectifs se réduire, elle a malheureusement déjà troqué depuis longtemps ses cuisines contre des repas préparés par un traiteur extérieur. Mais, depuis peu, elle a obtenu de ce prestataire de s’approvisionner chez une agricultrice voisine qui produit en bio. Un premier pas décisif, qui ne demande qu’à se poursuivre dans d’autres domaines.  

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